RSE : « La question n'est plus si on s'engage mais comment »

François Perrin, président du Medef Nouvelle-Aquitaine, prend son bâton de pèlerin pour apporter aux entreprises les outils nécessaires à la mise en place d'une politique RSE efficiente.

Quel est le degré de prise de conscience des dirigeants quant à la responsabilité sociétale des entreprises ?
Les mentalités, d'une manière globale, ont évolué et celles des dirigeants aussi, comme tout le monde. Tous sont intimement persuadés qu'il faut agir pour le bien de la planète et pour le bien de l'entreprise puisque ces critères font baisser l'absentéisme et améliore le recrutement, entre autres bénéfices. La phase de prosélytisme est derrière nous. Aujourd'hui, la question n'est plus si on s'engage mais comment. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin d'outils et le salon Résolution est une boîte à outils concrets. Avant, une politique de protection de l'environnement consistait à installer des poubelles de tri, on n'en est plus là ! Les nouvelles générations de dirigeants font bouger les lignes.

Depuis quand ce changement d'état d'esprit a lieu ?
Je ne saurais pas le dire précisément, je pense que cela s'est fait petit à petit. Les nouvelles générations de dirigeants apportent aussi leur état d'esprit qui fait bouger les lignes. Autrefois, on considérait que le salarié, en arrivant au travail, devait laisser sa vie personnelle au vestiaire. Aujourd'hui, on sait bien que nos vies sont poreuses et que le personnel influe sur le professionnel et inversement. Un salarié qui doit passer du temps pour, par exemple, aider ses parents vieillissants risque davantage d'avoir un accident parce qu'il sera chargé de ces pensées. L'entreprise a donc un intérêt à prendre en compte ces données.

Difficile de savoir par où commencer 

Pourquoi et comment le Medef s'implique-t-il dans les politiques RSE de ses adhérents ?
On a beau être convaincu qu'il faut penser autrement l'économie, pour passer à l'action, il faut des outils concrets. Et là, il est difficile de savoir par où commencer, quelles étapes, quelle ambition, faut-il se faire accompagner, si oui par qui, etc. La majorité des membres du Medef ont 45 salariés en moyenne, donc sans grand moyen. Nous avons créé un club sur la RSE, nous avons signé un partenariat avec l'Ademe et Ociane Matmut [ndlr, voir encadré ci-dessous] qui apportent des solutions concrètes, nous aidons quinze entreprises du territoire et nous sommes partenaires du salon Résolution qui se déroulera à Pau le 23 octobre.

Pourquoi les entreprises se saisissent plus facilement des questions de responsabilité à partir des sujets environnementaux ?
Sur les trois piliers de la RSE - environnement, social et gouvernance -, il est vrai que c'est l'environnement par lequel les entreprises « entrent dans la RSE ». Je vois plusieurs raisons. D'abord, il y a un côté normatif et médiatique mais aussi parce que les actions autour de l'environnement sont mesurables. Travailler sur l'humain est moins facilement évaluable. Les questions de gouvernance sont abordées en dernier dans la démarche RSE, ce sont celles qui abordent le partage du pouvoir.

> Pour participer au salon Résolution, le lien d'inscription est ici: https://ypl.me/MKc

Le Medef de Nouvelle-Aquitaine a récemment signé un partenariat avec la mutuelle Ociane Matmut et l’Ademe, autour de la RSE. Objectif : embarquer plus facilement les entreprises du territoire, et surtout les TPE et PME, dans une démarche de responsabilité sociétale. Ensemble, ils proposent désormais un programme de neuf mois (une séquence par mois), co-construit et adapté aux différents niveaux de maturité des sociétés. Si le partenariat vient d’être officialisé, le dispositif existe depuis janvier et a permis d’accompagner une quinzaine d’entreprises du territoire néoaquitain. « Il était important de nous entourer d’experts, souligne François Perrin. Il est important que l’on ait l’Ademe à bord, par exemple, car 60% des investissements dans la transition énergétique ne sont pas rentables s’ils ne sont pas subventionnés, il faut donc un levier public pour inciter les entreprises à passer à l’action. » Du côté d’Ociane Matmut, la mutuelle s’appuie sur une expertise qu’elle porte auprès de 10.000 clients. « On a multiplié les initiatives aux côtés des chefs d’entreprise, pour la santé des salariés, explique Stéphane Hasselot, directeur général de la mutuelle. Il est important de rappeler que si tout le monde est en forme dans l’entreprise, il y a moins d’absentéisme. »
Stéphane Hasselot, DG de la mutuelle Ociane Matmut, François Perrin, président du Medef Nouvelle-Aquitaine, et Emmanuel Benjamin, directeur régional délégué de l'Ademe Nouvelle-Aquitaine. Crédit : MBC