L’Établissement français du sang veut aller vers les entreprises

10% des collectes de sang mobiles de Nouvelle-Aquitaine sont organisées en entreprise. | Photo EFS
Afin de répondre à une demande croissante de dons de plasma, l’Établissement français du sang intensifie sa collaboration avec le monde de l’entreprise.
En Nouvelle-Aquitaine, environ 10% des collectes mobiles de l’Établissement français du sang (EFS) ont lieu directement en entreprise, un chiffre qui pourrait croître significativement dans les années à venir. « Nos équipes vont dans les clubs d’entreprises, les réseaux, nous participons à des événements économiques, nous rencontrons le Medef… raconte Camille Journet, directrice de la communication de l’EFS Nouvelle-Aquitaine. Et tout ceci va s’accentuer, car nous ciblons particulièrement les entreprises dans notre politique partenariale ». Pourquoi ce choix ? « Les salariés représentent une part importante de la population active, et donc du vivier de donneurs potentiels, explique-t-elle. C’est en entreprise que sont les gens, surtout dans la tranche d’âge 35-50 ans. C’est donc là qu’il faut aller les chercher ».
« On trouve toujours des actions à mettre en place »
À ce jour, environ 300 entreprises de la région accueillent régulièrement l’EFS, sans compter les donneurs en maisons du don. Si certaines entreprises sollicitent directement l’EFS dans le cadre de leur politique RSE, toutes ne peuvent pas être retenues. « On sait qu’environ 10% des salariés vont effectivement donner leur sang. Si l’entreprise compte cinquante employés, on ne peut pas venir, cinq donneurs c’est bien trop peu. Il faut aussi que les locaux soient adaptés », précise Camille Journet. Autant de critères qui limitent l’organisation de dons du sang in situ aux grandes entreprises.
Cependant, « quand ça ne peut pas aboutir, charge à nous de trouver des actions à mettre en place pour ne pas perdre cette bonne volonté, reprend Camille Journet. On peut mettre en place des navettes vers une maison du don. On peut inciter les entreprises à se joindre à une collecte organisée dans leur commune, réserver des créneaux communs pour tous les salariés. Et si vraiment il est trop compliqué d’organiser une collecte, une entreprise peut aussi devenir soutien de notre cause, sensibiliser ses salariés… on trouve toujours des actions à mettre en place ».
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Par exemple, en Béarn, l’EFS a récemment expérimenté le « Challenge Plasma Team », un concours inter-entreprises autour du don de plasma. Durant six semaines, la maison du don de Pau a accueilli plus de 200 donneurs, dont une grande partie de primo-donneurs. Car l’enjeu, plus que le don de sang, est surtout celui du don de plasma. En 2023, la France comptait 160.000 donneurs de plasma, précise Camille Journet. Elle devra en compter 330.000 en 2028 pour répondre à la demande croissante de médicaments dérivés du plasma. À l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, cela signifie un passage de 34.400 dons à 45.000 d’ici la fin 2025.
Un cadre législatif incitatif en cours d’adoption
Un projet de loi, déposé fin 2024 et approuvé par l’Assemblée nationale en juin dernier, prévoit d’inscrire dans le Code de la santé publique le maintien de la rémunération pendant le temps de don et le droit à une autorisation d’absence. Chaque salarié pourrait ainsi effectuer jusqu’à huit dons par an. Le texte, en attente d’examen au Sénat, devrait faciliter la mobilisation des entreprises et sécuriser juridiquement leurs engagements.
« C’est une vraie opportunité pour nous, car cela renforce notre démarche partenariale », affirme Camille Journet. D’autant plus que la participation au don du sang est pour les entreprises un engagement aisé à valoriser. Si, aujourd’hui, il n’existe pas encore de labellisation officielle pour les entreprises soutenant l’ESF (« des réflexions sont en cours sur le sujet », assure la représentante de l’établissement), « on peut remettre des diplômes de donneur de sang, mettre en valeur via nos réseaux sociaux, valoriser les actions. C’est très bénéfique pour l’image de l’entreprise ».
« Peu d’actions ont un impact aussi immédiat que le don du sang, conclut Camille Journet. On peut assurer à son collaborateur qu'en prenant une heure de son temps, il a sauvé trois vies. Ça n'est pas rien ! ».